T comme Tristesse

tristesse-par-m-l-staudtLa tristesse une émotion dérangeante

La tristesse est une émotion dérangeante dans notre société. Nous n’aimons pas être tristes ou laisser couler nos larmes devant les autres. Nous cachons souvent cette émotion qui s’apparente à de la fragilité ou à de la dépression. Nous nous sommes coupés inconsciemment de notre corps depuis l’enfance. Nous avons perdu le lien avec nos émotions. Adultes, nous ne pleurons plus, ne transpirons pas et n’avons plus vraiment de frissons qui nous parcourent l’échine.

Lorsque nous nous reconnectons à notre corps par le biais de massages, à travers la méditation ou après un arrêt travail durant lequel nous nous sommes reposés, c’est comme si on nous opérait à cœur ouvert. Il peut arriver que nous nous réveillions un beau matin avec un état de tristesse absolue dont nous ne parvenons pas à identifier l’origine. Notre corps, qui jusque là fonctionnait en mode automatique, se met à ressentir de la tristesse sans raison apparente. Nous avons entrepris des démarches pour aller mieux et voila que la tristesse nous submerge, nous sommes devenus hyper-sensibles ! Ce sont en fait les vieux souvenirs peinants qui s’échappent et quittent notre corps. Le travail sur le corps a dissous les barrages qui retenaient les moments de tristesse que nous n’avions pas évacués durant l’enfance. Nous les avions retenus quelque part dans notre corps pour ne plus être déçus, peinés ou pour ne plus souffrir. Nous avons préféré étouffer le souvenir de certains événements en silence dans notre ventre.

Nous n’avions pas d’autre solution, à l’époque, et personne pour nous expliquer quoi faire face à ce trop plein d’émotions. Alors, tant bien que mal, nous avons réussi à nous déconnecter de notre corps pour ne plus souffrir. En s’expulsant de nos entrailles, ces tristes mémoires laissent remonter avec elles des douleurs, des maladies ou nos émotions d’enfants. Comme une écharde qui reste enfoncée dans notre plante de pied, la chair a recouvert la plaie avec le temps et la douleur s’est estompée peu à peu. Nous nous sommes habitués à cet inconfort. Lorsque, un jour, un médecin nous enlève cette écharde, une douleur violente nous fait regretter sur le moment cette opération réparatrice. La douleur est tellement puissante que nous ne comprenons même pas pourquoi nous avons si mal. Nous en voulons au chirurgien de l’avoir provoquée, comme si elle ne faisait pas partie de nous! Eh bien, la tristesse, c’est pareil : elle coule soudainement à flots et nettoie la plaie ouverte qui était remplie de pus.


Savoir accueillir cette émotion

Il est inutile d’aller creuser pour retrouver l’origine de ces moments de peine. Parfois, nous la revivons en rêve, la nuit ou en relaxation guidée, ou bien au hasard d’un événement similaire que vit un ami, un voisin, un collègue de bureau. Nous nous sentons soudainement tristes sans raison apparente. Il est bon de savoir accueillir cette émotion de tristesse. Elle a toujours existé à l’intérieur de nous. Elle était juste tapie dans l’ombre et nous empêchait d’être plus heureux. Nous la portions sur le cœur. Notre reconnexion au corps nous permet de l’abandonner.

La tristesse est difficilement assimilable par un enfant quand aucun des parents ne prend le temps d’expliquer qu’il s’est passé un évènement déstabilisant pour la famille, qu’il s’agisse par exemple de la perte d’un emploi, d’un changement géographique, d’un deuil. C’est la raison pour laquelle, enfants, nous sommes tous conduits à nous couper de notre corps et donc de nos émotions. Il est logique de préférer ignorer ce corps capable de retenir en lui tant d’émotions douloureuses.

Le corps, le baromètre de notre humeur

L’émotion est le meilleur indicateur de notre bien-être ou de notre mal-être. Le corps est un autre messager, en dehors du mental, pour nous montrer qui nous sommes. Il sait mieux que notre tête ce qui est bon pour nous. La tristesse est l’une de ses quatre émotions. Elle évacue les peines et les mauvais moments pour ne laisser que le bon souvenir des personnes que nous avons aimées. Quand nous vivons des états de tristesse, nous faisons alors de la place pour remplir notre cœur d’amour. Nous pouvons alors pardonner les souffrances et les malveillances anciennes, les injustices, les négligences, pour vivre notre vie en étant plus heureux.

La tristesse nous avertit que nous devons nous apprêter à changer de cadre, de responsabilités. Elle nous prévient des changements qui arrivent. Elle nous annonce un déséquilibre momentané. Elle n’arrive jamais par hasard. Elle sort pour nous permettre de vivre le cœur plus léger la prochaine étape de vie. Quand nous ressentons de la tristesse c’est que nous sommes entrain de passer une étape cruciale de notre vie. C’est pourquoi, j’ai presque envie de dire : réjouissons-nous d’être tristes !
Quand je suis triste, je sais que je vais me sentir cent fois mieux après l’évacuation de cette émotion. Je sais que je vais changer quelque chose dans ma vie. Je choisis en conscience le meilleur comportement à adopter pour que mon nouveau cadre soit à ma mesure. Je prends le temps de le poser et de l’assumer. Je peux ainsi tourner plus facilement les pages de ma vie, écrire chaque jour un nouveau paragraphe et assumer mon histoire avec panache ! Je suis sûre, maintenant, qu’après la pluie, il y a le beau temps…

 

 

5 commentaires sur “T comme Tristesse

  1. comme ce texte résonne en moi, Marie-Lore !
    la première fois qu’on m’a demandé si j’étais heureuse, je suis restée interdite : je n’avais pas la réponse. C’est mon père qui me posait cette question. Il était déjà malade. Dix ans plus tard, il a subi une greffe des poumons. Il a séjourné très longtemps et très souvent à l’hôpital, à Marie-Lannelongue de Le Plessis Robinson. A quelques heures de transport de la maison. Moins d’un an après l’intervention, il est mort. Je n’aime pas le mot décédé. La réalité est aussi brutale que le mot mort. C’est une ambulance qui a rapatrié papa à la maison. Et je me souviens l’avoir accueilli dans la joie de son retour chez nous. Il rentrait!!! Et cette nuit, sans que rien ne le provoque ni l’annonce, j’ai revécu l’évènement à l’aulne de l’immense chagrin qui était le mien. C’est un corps mort qu’on nous rendait. Avec tout ce que cela comporte. Un tiroir s’est ouvert sans prévenir et a permis à un flot de tristesse de s’en aller. Et je sais comme vous le dites Marie-Lore, que ces morceaux de vie qui remontent à la surface entraînant avec eux toutes sortes d’émotions enfouies nous libèrent chaque fois un peu plus. Je les accueille en tant que tel. Je sais que c’est nécessaire et utile à mon bien être et à ma bonne santé. Et que çà contribue à ce que je puisse me sentir et me dire, heureuse. Merci pour ce post!

  2. Merci Lise ton témoignage m’a beaucoup touché. J’approche de la periode “anniversaire” ou j’ai appris que ma maman allait mourir et je sens le meme genre d’etat. Bonne journee. Marielore

  3. ah oui, le métier de mes rêves… lol Il se pourrait que ce ne soit plus celui d’actualité (j’ai un peu envie de rire, là, mais ce n’est pas que nerveux, je trouve ça d’une ironie gigantesque ! lol).

    J’en viens parfois à me demander si le métier que j’exerce, et que je pensais être le métier de mes rêves, ne l’a peut-être jamais été. Il ne semble plus l’être aujourd’hui. Peut-être juste des choses à faire évoluer dedans, mais peut-être que le chemin serait d’accepter vraiment de ne plus le faire du tout. C’est d’ailleurs là que cela fait le plus mal et peut faire émerger beaucoup de tristesse. Bien sûr, c’est évident : qui suis-je professionnellement si je ne suis plus cela ? C’est bien THE question existentielle derrière.

    Alors OUI, cent fois OUI, je suis en quête des professionnel(le)s qui peuvent et pourront m’accompagner au mieux dans mes transformations intérieures et de vie, à voir clair en moi. Parce que si j’ai un autre rêve, je ne le connais pas consciemment, pour le moment. L’état de deuil est une phase de flou (artistique ? lol)

    C’est tellement une évidence pour moi que ce type de chemin ne se fait pas seule… J’ai demandé à l’univers que les personnes viennent à moi, et que j’ai tout l’argent nécessaire pour avoir recours à leurs services. il paraît que ces 4 derniers jours étaient pas mal côté planétaire et énergétique pour faire une wish list ;-))

  4. Merci Marie-Lore pour ce magnifique texte. En effet, il n’est pas utile de savoir d’où vient cette tristesse, ou cette peine, d’y mettre des mots, mais l’essentiel est de la vivre simplement à travers notre sensation corporel, dans la détente, la laisser nous traverser et se dissoudre…
    Belle soirée.

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